Direction les Canaries pour retrouver nos copains (bateau Gryllos) échoués sur l’île de La Graciosa.

Un bon anticyclone est prévu pour plusieurs jours. Le GPS nous donne 566 Milles au cap 215°, du Sud Ouest, vent annoncé NE, allure vent arrière. Samedi 25 Janvier 2003.

 

Sortie du Rio Guadiana avec la fin du jusant, on file 7,5 nœuds, le GPS nous donne l’arrivée dans 85H00. Il y a des filets - casiers par dizaine, il faut slalomer entre les bouées.

On passe à l’heure espagnole (on recule d’une heure, UTC –1, comme en France).

Vent faible on envoie le spi, au coucher du soleil plus rien, moteur. Les dauphins chassent avec les Fous de Bassan.

19H30 arrêt moteur, stand by, légère houle, jeux de société puis repas tranquille.

20H40 un peu de NW, travers tribord amure, puis portant tangonné. Il faut barrer car les pêcheurs puis les cargos sont très très nombreux.

On coupe le rail de Gibraltar en deuxième partie de nuit, bateaux à la queue le leu, on les suit au radar.

Belle nuit calme, étoilée, le vent tourne au NNE, vent arrière.

3H30, on se déroute pour laisser passer un cargo, il semble être le dernier.

Le vent prend encore de l’Est, on reste vent arrière et donnons de l’Ouest dans notre route.

Fin de nuit, on touche la grande houle Atlantique du NW, ça roule.

 

8H30 le soleil se lève, grand beau pour aujourd’hui. Les cannes de traîne sont installées.

14H00 météo Marocaine.

 

Deuxième jour de mer, le GPS nous donne toujours 85H00 d’ici l’arrivée.

 

Un souffle de baleine au loin.

 

En fin de journée on amène la grand voile pour naviguer sous génois seul, c’est moins rouleur même si l’on perd un peu en vitesse.

On rentre les cannes au coucher du soleil et  les marins aussi car il ne fait pas chaud (18°C).

2 à 3 cargos dans la nuit, assez loin (plus d’une dizaine de milles), vus au radar.

 

4H00 la lune se lève.

8H00 les enfants prennent leur quart, les parents dorment.

11H50 les enfants repèrent une tortue, juste à coté de nous.

 

Troisième jour de mer, l’arrivée à toujours 90 – 100H00 ! On avance peut être à reculons. On a quand même fait 247 NM.

 

Fin de journée, un beau thon de 77 cm, on n’a pas battu Marcel pour le moment (88 cm).

Le GPS  décroche très souvent, les américains brouillent les pistes avec leur projet de guerre. Nous espérons qu’ils nous laisseront quelques données pour arriver à bon port facilement. Nous notons consciencieusement la route, « des fois que ».

 

Nuit douce mais Frédo est habillée comme en Norvège (4 couches). Il n’y a plus personne sur la route, on en profite pour faire dodo.

8h20 lever de Loïc un peu avant le soleil, 8H25 il met la canne, 8H30 un petit thon. Poisson frais au petit déjeuner.

 

Les enfants racontent leurs aventures « En Norvège, un jour ils ont vu une Lompe (œufs de lompe), poisson moche à la peau dure. Ils la taquinent puis se font attaquer, c’est la débandade. Plus personne n’ose aller dans l’eau ».

 

On commence le quatrième jour, 380 NM mais toujours la même prévision : une centaine d’heures avant l’arrivée. Arrivera-t-on un jour ?

 

Encore un thon germon, thon cru au repas extra et des conserves sans attendre.

Manœuvres de voiles pour s’occuper au gré du vent et même moteur en soirée.

 

Ulisse laisse derrière lui une rivière phosphorescente de plancton. Les dauphins qui viennent nous voir sont suivis à la trace.

Aucun bateaux ni à l’horizon, ni au radar, veille dans le duvet dehors.

 

Cinquième jour, on a fait 503 Nm, le GPS nous donne toujours de longues heures à patienter.

Belles tortues, poissons volants, toujours du thon.

Ce soir l’arrivée se précise à 60 Nm dans 9H00.

La mer est plus forte, il faut caler tout ce qui roule et bouge. Le vent forcit, on réduit la toile au mini pour ne pas arriver trop tôt (de nuit) et devoir attendre devant « la porte ».

Un bon grain pour rafraîchir le barreur puis la soufflerie pour le sécher.

 

Au matin La Graciosa est bien là mais la mer est trop forte pour rentrer, on continue sur Arrecife la capitale de Lanzarote à quelques heures, on fait de nouveaux points d’atterrissage au GPS.

 

Loïc fait des croques monsieur pour tout le monde au petit déjeuner, il faut s’accrocher. Il ira jusqu’au bout malgré un léger mal de mer.

Ils sortent tous les trois avec leur harnais et leur veste pour couper le vent. Ils reprennent des couleurs , un peu déçus de ne pas s’arrêter à La Graciosa.

 

On longe la côte sur 25 NM, île volcanique sans végétation, couleurs dans les noirs et les marrons essentiellement due aux coulées de lave et sable. Nombreuses constructions pour le tourisme. La mer vient éclater sur les rochers de lave noir. Arbres comptés à l’unité. On passe devant le nouveau port avec les ferries.

 

Jeudi 30 Janvier, 14H10 mouillage dans le vieux port abandonné d’

 

Arrecife par 28 N 572 – 13 W 329. On a bien arrondi les hauts fonds (Arrecife veut dire récif en espagnol). Fort vent d’alizé, on met 50 mètres de chaîne, un seul bateau au mouillage (anglais) Baltic Bird qui nous conseille de prendre en plus le corps mort derrière nous. Bonne navigation, 120H00 pour 629 NM.

 

Il fait un grand soleil chaud, la mer est à 18°C.

 

Les enfants préparent le repas pendant que les parents rangent le pont.

Puis sieste, douche, ordinateur et gros dodo à 20H00.

Vent fort pour plusieurs jours.

 

Café chez  les voisins pour venir aux nouvelles. Ils restent ici car leur fils 14 ans est inscrit à l’école. Ils nous donnent tous les tuyaux pour ravitaillement, Internet… Ici c’est la même heure qu’au Portugal, (UTC) on rechange nos pendules.

 

Découverte de la petite ville d’Arrecife, du tourisme important ici mais qui reste raisonnable par rapport aux autres îles. On goûte le vin de l’île qui est bien bon ; ils font aussi du rhum dans les îles du Sud plus arrosées. Par contre sur Lanzarote aucun fruits et légumes tout est importé, qualité pas terrible et cher… grosse déception. On va se rattraper sur la viande  bovine argentine extra et vraiment donnée pour du filet (2,50 € le kilo) et le poisson.

 

Nous avons des difficultés pour trouver une carte téléphonique et la première ne fonctionne pas, il faut retourner au magasin pour en prendre une autre. Impossible de joindre Annemie à la Graciosa. Nous en parlons au cyber café avec la vendeuse qui essaie avec son téléphone, ça marche et elle nous passe Annemie, sympa.

 

Nous profitons d’une accalmie matinale pour aller au moteur contre vent et mer jusqu’à

 

La Graciosa 29 N 136 – 13 W 301 retrouvailles avec Alexandra et Anemie. Les hommes sont partis pour Vigo récupérer Timoun que Karl et Ali viennent de racheter après la vente de Gryllos. Gryllos est sur cale sur la plage, les dégâts sont raisonnables mais longs à réparer. Karl et Ali commençaient à réparer ( nous devions ramener les matériaux) quand José qui recherchait ce type de bateau depuis plusieurs mois leur a proposé de leur racheter. Dans la journée Gryllos était vendu et Timoun leur ancien bateau était racheté pour une poignée de figues. Le lendemain Karl partait pour Vigo avec Marcel pendant que Ali finissait de vider Gryllos.

 

José est chef de la vedette de surveillance du parc naturel de la Graciosa et travaille ici une semaine sur deux. Sa femme Silvia travaille sur Lanzarote à l’aéroport.

 

Océane dort avec Ali sur Gryllos.

Très fort alizé pour la nuit nous apprécions le fait d’être au port. Dans la journée, il faut tout attacher, vérifier les amarres. Le vent est plein de sable, il y en a partout intérieur comme extérieur du bateau, faible visibilité et forte humidité. Le sable va faire une croûte ocre sur tout le bateau.

On reste à l’intérieur à faire l’entretien ou l’école ou ordinateur. On va quand même jusqu’au village acheter du pain, discuter avec le maître de port qui s’ennuie un peu ici et utiliser internet au cyber café !

Grandes promenades, premiers bains à l’abri du vent, rinçage aux douches (eau froide)

Les enfants sont bien heureux de pouvoir parler français avec un bateau canadien Eglantine. Jean François et Nathalie, (décidément les prénoms ne changent pas beaucoup) viennent du Maroc et nous donnent le numéro de téléphone d’Essaouira où nous appelons pour connaître l’adresse postale et y faire envoyer les cours de Loïc.

 

Baya del Salado 29 N 135 – 13 W 308 le vent est plus raisonnable, nous allons au mouillage (économies de port), les enfants ne quittent plus les plages et la baignade.

 

Arrecife 28 N 572 – 13 W 329

Retour en ville, on achète un disque dur pour l’ordinateur, les enfants vont enfin pouvoir installer leurs jeux de noël correctement.

Club de modélisme sur le quai qui fait des régates tous les après-midi, bateau mono type à voiles auriques, maquettes de 1.50 m de haut.

Le vent reste toujours fort, la mer est blanche et vient frapper sur la jetée. On prend 2 corps mort au plus prés de la jetée pour être mieux abrités. Loïc plonge passer les bouts et la chaîne.

 

Location d’une voiture pour visiter l’île. John vient récupérer notre annexe pour ne pas la laisser toute la journée à quai.

 

Lanzarote comme aperçu depuis la mer, est effectivement très aride. Les cultures se font à l’abri de murets avec une irrigation au compte goutte et le sol est recouvert avec du sable volcanique noir pour garder l’humidité au maximum.

C’est essentiellement de la vigne qui pousse dans un grand trou avec un petit muret en arc de cercle du coté du vent dominant. Ici pas de problème avec les mauvaises herbes.

 

Le site volcanique de Timanfaya. Superbe site volcanique, musée explicatif puis visite guidée en bus. Très belles couleurs avec les différentes coulées de lave. Il y a encore des points chauds, le restaurant y fait sa cuisine et démonstration de geysers.

 

Musée de la vie agricole sur l’île, le vin avec dégustation, nous parlons un moment avec le papet pendant que les enfants jouent avec les poussins et divers animaux ; le Gofio, farine de maïs qui est grillé avant de passer au moulin. Très bon goût dans la pâte à pizzas ou à enpenadas.

 

Village aux 1000 palmiers dans une petite vallée au Nord Est, la partie la plus humide de l’ile…

 

Vue sur la Graciosa depuis le Mirador sur le haut des falaises, au pied quelques marais salant. Mais encore plus de vent sur ces hauteurs. Les femmes de la Graciosa grimpaient tous les jours jusqu’ici pour venir vendre le poisson !

 

Jardin du cactus, que d’épines, joli décor de pierre et de sable noir.

 

En faisant le plein de la voiture nous découvrons que les carburants sont détaxés ici… moitié prix par rapport à l’Europe !  On aurait gagné 100 € sur le dernier plein fait au Portugal. Snif.

 

Le vent NE toujours fort, nous tentons le Sud de l’île, plage de Papagayo mais une fois arrivés impossible de mouiller car il y a trop de houle, demi-tour pour Arrecife (descente sous voile - remontée au moteur !). Loïc plonge de nuit pour reprendre les corps mort que nous repérons d’abord au sondeur.

 

Une tentative matinale (4H00) pour passer contre le vent mais il faut vite faire demi-tour. Le lendemain, le vent est presque tombé ! Premier jour de calme depuis 3 semaines.

 

La Graciosa 29 N 136 – 13 W 301 Timoun arrive juste devant nous, fête tous ensemble

 

Booguy achète l’optimist pour faire école de voile pour les enfants de l’île. Il donne des cours de musique l’après-midi à l’école. Il a construit son bateau en bois traditionnel (genre bateau de corsaire à pont ouvert…) sur les grands lacs aux States puis il est descendu jusqu’à New York par les water way (sans moteur !) puis traversée de l’Atlantique jusqu’ici (toujours sans moteur).

 

José nous dit qu’il ne sort pas cet aprem… et que nous pouvons aller chasser discrètement avec Marcel. Eaux peu claires car grosse houle, on pêchera un gros sar tambour et un beau poisson perroquet pour essai. Au retour quelqu’un appel José pour lui signaler qu’il y a des chasseurs, il est donc obligé de venir nous voir pour la forme et on ne pourra pas renouveler l’opération.

Bonne grillade largement suffisante pour nous tous (10).

 

Plein de gazole avec les bidons, on remplit un maximum. Plein d’eau aussi mais c’est long car il faut aller jusqu’aux douches puis porter les bidons jusqu’à l’annexe et enfin les transvaser dans les réservoirs une fois sur Ulisse.

 

Toujours de grandes balades sur l’île, la baignade pour les enfants même dans le port dont l’eau est translucide.

 

Arrecife 28 N 572 – 13 W 329 Retour à la ville pour récupérer la famille Ollivier.

 

Entretien moteur, changement des joints d’injecteurs car il y en a un qui fuit. Au remontage, le moteur est bloqué… C’est en fait la calamine qui empêche le piston de passer le point mort haut. En forçant à  la main on parvient à l’écraser puis à redémarrer, avec l’aide de Glen du voilier anglais voisin (The Rose of the North). Tout va bien mais on a eu quelques moments d’inquiétude.

 

Le vent tourne au Sud, il nous faut aller à Naos, le nouveau port, peu de place, pour une journée, nous nous mettons à coté d’un petit bateau français Eros. Il est cuisinier dans un restaurant jusqu’en avril. Lilas 11 mois, nouvelle naissance pour bientôt… il va peut-être leur falloir changer de bateau.

 

Une tortue passe à 2 m d’Ulisse, tout le monde dit que le port est crade…

 

Fred part récupérer la famille Ollivier à l’aéroport, visite de la ville, shopping, enfants aux jeux.

 

La Graciosa 29 N 136 – 13 W 301 météo clémente pour les nouveaux arrivant, navigation tranquille face au vent. On pêche même un thon. Les lâcheurs de Iorana viennent de partir pour Ténérife.

 

Un petit bateau français Hinano arrive, Guy le papa et Sabine 13 ans et Laura 8 ans, la bande des enfants s’agrandit .

 

Pour le couchage, les enfants installent les tentes prés de Gryllos. Il faut surveiller les amarrages et changer de place pour s’abriter au mieux du vent.

Coralie prend ses quartiers sur Timoun et se fait bichonner au petit déjeuner.

 

Promenade, pique-nique sur un des volcans, très belle vue depuis le sommet.

 

Bonnes soirées avec tout le monde, les enfants sur Hinano, les adultes sur Ulisse.

 

Adieux, Karl et Ali partent pour Gran Canaria, nous laissons Eglantine seul au port.

 

 

Arrecife 28 N 572 – 13 W 329 les Ollivier repartent pour la France.

 

Grand beau temps, il fait trop chaud, plongée avec les enfants sur les récifs et la jetée. Vu de beaux poissons mais chasse interdite.

Ski nautique avec la planche de surf.

 

Carnaval, défilé en soirée puis feu d’artifice et musique sur le quai toute la nuit (pas trop gênante grâce au vent qui l’emporte).

 

Les enfants ont récupéré la game boy de Lorraine, ils s‘achètent un nouveau jeu.

 

Appros en vue du départ, internet pour la météo et la mise à jour (enfin du site). Le vent est toujours NE fort, il va falloir faire avec, si on ne veut pas moisir ici.

 

Dimanche 9 Mars, on y va, NE 5 / 6.

On vise Essaouira au Maroc, le GPS donne 246 milles au cap 50°, exactement la direction du vent ! Il va falloir tirer des bords. Comme on dit deux fois la route et trois fois la peine. Contre nous il y a aussi le courant atlantique qui descend le long des côtes Africaines.

 

11H40 RFI nous donne la météo avec avis de très forte mer sur les zones nous concernant, dues à une très grosse dépressions d’il y a deux jours sur l’Atlantique Nord, Houle supérieure à 6 m se creusant sur les fonds faibles à l’approche de l’Afrique.

 

Sur l’avis de l’équipage nous retournons sur Arrecife.

 

Le lendemain Lundi 10 Mars nouveau départ, vent un peu moins fort. Génois 2 ris, trinquette et GV 1 ris on marche à 5 – 6 nœuds cap au 95.